Armées et population civile, un lien à maintenir
CONTEXTE
La mission des forces armées est d’assurer la sécurité des citoyens et des intérêts français sur le territoire national ou à l’étranger. Elles peuvent également assurer un soutien à la population dans le cadre de catastrophes naturelles. Les forces armées se tiennent en situation opérationnelles 24/24 pour être en mesure de répondre aux demandes du pouvoir politique. Elles ont composées d’environ 380.000 personnes toutes catégories confondues (civiles et militaires d’active pour environ 268.000 membres et des réserves) pour un budget de l’ordre de 40 milliards d’€.
Il convient de noter l’existence d’unités militaires de la sécurité civile mobilisable dans le cadre de catastrophes naturelles ou pas et composées de 3 unités mixtes rassemblant 1.500 sapeurs-sauveteurs. Les unités sont basées à NOGENT LE ROTROU, à BRIGNOLES et à CORTE.
Le risque terroriste post-attentats de 2015 a inscrit une forme de visibilité des forces armées dans l’espace public avec l’opération « Sentinelle » permettant de développer une meilleure appréhension de la mission protection des citoyens au sens large.
Pour autant, il ne faut pas négliger l’impact symbolique de la présence de l’armée dans la société car il faut se souvenir des conséquences tragiques de l’utilisation de l’armée pour du maintien de l’ordre au début du siècle dernier lors de manifestations ouvrières.
La pandémie de la Covid-19 peut être analysée comme un signal de crise majeure qui pourra demain survenir sur des aspects climatiques touchant le globe entier et avec des répercutions locales variables comme par exemple un désastre agricole dans les pays du sud conduisant à un mouvement massif de population. Face à ces crises majeures et globales, quelle peut-être la place des forces armées dans l’arsenal des pouvoirs publics ?
ARMEES ET POPULATION CIVILE, UN LIEN A MAINTENIR
La période de tension civile avec les forces armées semble passée et le rôle des réserves citoyennes des forces armées (terre, mer, air et gendarmerie) permet de maintenir un lien avec des civils engagés dans la réflexion des forces armées sur leurs propres actions.
La fin de conscription obligatoire a distendu le lien symbolique entre l’Armée et la Nation mais il a été compensé par les Journées Défense et Citoyenneté (JDC), le développement des « classes de défense » partenariales avec un établissement scolaire et une structure militaire de proximité ou par l’activité des trinômes académiques qui rassemble l’éducation nationale, les forces armées et l’Institut des Hautes Etudes de la défense Nationale (IHEDN) sur un territoire pour mener des actions favorisant le rayonnement de l’esprit de défense comme des rallyes citoyens.
Le Service National Universel (SNU) qui devrait passer du stade expérimental à celui d’une généralisation si la crise économique ne vient pas impacter un financement encore assez virtuel, est un levier supplémentaire pour développer l’intégration et la bonne connaissance des questions de défense dans la population générale : rôle et missions, doctrine, question budgétaire et de souveraineté en la matière de moyens matériels, coopération, etc.
L’Armée peut s’appuyer sur l’attachement global de la population qui la voit comme une institution régalienne apte à répondre aux défis de la sécurité.
ARMEES ET PREVENTION DES CRISES
Même si les implantations militaires ont fortement diminué, le maillage territorial des unités donne à nos forces armées une existence territoriale forte qui est un atout dans la gestion de proximité d’une crise.
L’impact du confinement général montre à la fois l’efficacité et l’inanité d’un système centralisé qui a contraint des territoires dans lesquels le virus circulait peu tout en amplifiant la récession économique par l’effet d’arrêt total.
La logistique militaire mobilisée pour l’hôpital de campagne dans la région Grand Est a certes permis d’illustrer les capacités mais aussi une forme de rigidité des procédures de mise en œuvre centralisée.
Les ressources militaires en personnel et en matériel de protection, de rétablissement des capacités de déplacement ou de secours rapides sont des points d’appui utiles aux pouvoirs publics.
PROPOSITIONS
Il n’est pas utile de modifier les textes règlementaires qui autorisent déjà l’intervention des forces armées sur le territoire national dans des missions de protection et de sauvegarde mais on pourrait imaginer une organisation plus décentralisée autorisant une contextualisation plus facile :
1) profiter des JDC pour vérifier l’état sanitaire des générations (couverture vaccinale et éventuellement capacité à vacciner si besoin) ;
2) à l’échelle départementale, le Délégué Militaire Départemental (DMD) pourrait coordonner les réponses à des besoins locaux sur sollicitation du préfet de département ;
3) au plan régional, les régions militaires et leur commandement seraient habilitées à engager des moyens humains et matériels au service des populations en cas de crise localisée à une échelle plus importante et sur demande du préfet de région ;
4) l’activation nationale relèverait conformément à la loi modifiée récemment de la mise en place d’un état d’urgence.
La constitution dit que la République « a une organisation décentralisée » alors que depuis la Révolution et plus encore l’Empire, sa culture institutionnelle est très jacobine…peut-être est-il temps d’accorder les écrits aux actes et d’entrer dans un modèle beaucoup plus souple et réactif.