Introduction

Dans une impression de toute puissance, on pouvait imaginer que l’Homme d’avant la crise COVID, engoncé dans ses certitudes, avait domestiqué la nature. Cette croyance vient de s’ébranler, à cause d’un simple virus qui a fait chanceler le monde sur les plans sanitaire, économique, et social. Ce virus nous a invités à renouer avec une réflexion sur des domaines fondamentaux comme l’évolution, la nature ; ou sur les moteurs de la vie qui devraient avoir pour socle et pour principes la coopération, l’entraide, la solidarité et la coopération.

Dans le champ de l’économie, plus spécifiquement, cette crise pose la question de la coopération. Au plan international, de nombreux conflits, dont certains endémiques, se sont ralentis ; certes, de façon temporaire, mais ça démontre que cela reste possible.
Peut-on (et comment ?) concilier une coopération élargie avec la volonté de recréer, sur des axes vitaux, une souveraineté indispensable, au plan national ou d’unités « régionales » comme l’Europe ?

Cette crise pose aussi la question de la place de l’individu dans l’organisation économique : on retrouve l’évidence qu’il est aussi « humain » vulnérable, qu’il peut et doit redevenir citoyen et solidaire.
Quelle traduction donner à cette prise de conscience dans nos systèmes de production et d’échanges ?
Au final, cette pandémie pourrait être une opportunité de reconstruire une économie moins prédatrice et instable, avec une stratégie économique et sociale basée sur trois axes : Souveraineté, Citoyenneté, et Humanisme.

Va-t-on changer de type de consommation ?
Ce choc va-t-il réduire ou aggraver les inégalités sociales, économiques, territoriales et quel sera l’impact sur la tension environnementale ?
Va-t-on changer de modèle économique et social et répondre aussi à l’urgence climatique ou au contraire considérer les contraintes environnementales comme un frein à la relance ?
Peut-on collectivement enfin prendre conscience que la relance n’est pas plus urgente que le risque que l’on fait courir à l’humanité et à la planète, avec nos pratiques et attitudes de consommateurs cueilleurs des biens limités que nous offre la nature ?
Dit autrement, la crise qui s’annonce comme une source majeure de désordre ne peut-elle pas également être perçue comme une occasion de remise en ordre ?

Les sujets de réflexion sont, comme on le comprend à la fois vastes et complexes. Mais il ne s’agit pas ici de les traiter en « experts ». L’objectif est de repérer et de mettre en évidence les articulations essentielles, de nous donner des clés de compréhension de mutations multiformes, qui forment cependant une figure assez cohérente, pour peu qu’on prenne le recul suffisant.

Trois moments ont ainsi été distingués, dans les présentations qui suivent :
Le premier est relatif aux principes, qui doivent être sinon révisés, du moins revisités :

  • première question, comment redonner confiance dans une forme de capitalisme social ?
  • comment rénover la régulation économique ?
  • peut-on, doit-on aller vers un nouveau contrat social ?

Un deuxième moment est relatif à la modification des interventions de la puissance publique :

  • pour interroger la place (retrouvée ?) des services publics dans l’économie ;
  • et ce en lien avec la reconnaissance accrue de la notion de « biens communs » ;
  • hors du service public, c’est aussi la puissance publique qui peut (et doit sans doute) tirer le fonctionnement des entreprises privées vers un mode plus « partenarial ».

Un troisième moment, moins optimiste, décrit les mutations en cours sous un angle plus concret, à travers :

  • la formation et le marché du travail ;
  • la révolution digitale et l’accompagnement qu’il faut en ;
  • enfin les mutations des relations économiques internationales, avec la fin du multilatéralisme, et les adaptations difficiles qu’elles imposent.
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