Pour une défense civile organisée

La pandémie virale, considérée comme une situation de « guerre » par le chef de l’État, n’est qu’une des facettes des différents types de menaces auxquelles nous pouvons être confrontés sur le territoire national ; toutes sont, paradoxalement, à la fois imaginables et imprévisibles à plusieurs égards.
Si certaines de leurs caractéristiques potentielles sont conceptualisables et analysables, elles échappent à toute rationalisation sur bien des points, donc à une anticipation stratégique fine et aux scénari de préfiguration les plus aboutis. Tout au plus, peut-on déployer le principe des « palpeurs » technologiques et humains pour apprécier l’intensité des menaces et des dangers correspondants.
Lorsque ces dangers majeurs font irruption, ils produisent au sein de la population à la fois une forme d’incrédulité immédiate et un effet de sidération (Twin Tower, Bataclan, Ebola, Tsunami…), peu propice à une réactivité efficiente.
Les réactions, plus ou moins irrationnelles, sont amplifiées désormais par la multiplication des sources médiatiques et les modalités numériques de communication immédiate en réseau. Le climat ainsi créé favorise peurs et paniques que la parole d’état a bien du mal à rationaliser. Certes, les professionnels de la Défense sont en mesure d’assumer les risques et d’agir au mieux selon leur degré de préparation anticipée. Mais tout ne relève pas d’eux et du réservoir de réservistes, en particulier la maitrise des réactions, attitudes et comportements de la population. C’est affaire d’éducation citoyenne aux fondamentaux d’une défense civile organisée et territorialisée judicieusement. Ce n’est en aucun cas affaire d’armement ou de milice mais capacité à se mobiliser de manière structurée et adaptée pour casser tous les comportements inappropriés et contribuer à créer rapidement les conditions favorables à l’intervention des professionnels de la défense.
Si les sessions de l’IHEDN jouent un rôle important d’information et de réflexion théorique destinées à des cadres sur la défense civile, elle n’a pas vocation à structurer concrètement en fonction de la diversité territoriale (zone urbaine, espace rural isolé…) une organisation vigilante, entrainée et réactive, capable d’apporter son concours aux autorités locales et indispensable pour gérer au mieux les potentiels dysfonctionnements, individuels et collectifs, des populations, contribuer à la mise en place et à l’acceptation des mesures prévues et assurer une solidarité citoyenne face aux dangers multiformes de notre temps.
C’est une proposition susceptible également de contribuer à recréer pragmatiquement certains liens distendus de notre Contrat Social Républicain.

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