Raffermir la démocratie dans ses modalités, au plan national

Le défi posé aux démocraties est donc d’abord « thématique » : c’est sa capacité contestée à répondre à des questions nouvelles qui explique le procès croissant qui lui est fait. Mais il est aussi procédural : au niveau des nations, tout d’abord les procédures et les modes de gouvernance semblent devenus moins légitimes, moins acceptés. Plusieurs procès assez fondés sont faits, qui tous les trois peuvent inspirer des aménagements ou des évolutions :

  • la difficulté à allier, au niveau local, proximité et efficacité. Comment décliner de manière satisfaisante le « principe de subsidiarité », qui consiste à faire traiter les problèmes au niveau le plus proche des usagers et citoyens, compatible avec l’efficacité ?
  • la trop grande concentration du pouvoir, qui est mis en tension par de (souvent fausses) urgences médiatiques : comment mieux répartir les pouvoirs et prendre la distance indispensable par rapport à la pression de l’actualité ;
  • le manque de confiance croissant dans la véracité des données produites par les gouvernants. La multiplication des réseaux sociaux et la diffusion de « fake news » (fausses nouvelles), rend l’opinion à juste titre exigeante sur le degré de fiabilité des éléments produits. èUn exemple récent est symptomatique : le rapport Delevoye sur les retraites, paru en 2019, était en partie fondé sur des « cas types », avec des comparaisons systématiques entre le système actuel et le système cible. Mais ces comparaisons étaient biaisées, la situation dite « actuelle » étant en réalité déformée, en supposant prolongées dans le temps des mesures restrictives, comme l’ont montré plusieurs économistes. Les reproches faits en ce qui concerne la déontologie de l’auteur du rapport, ajoutés à ceux portant sur la déontologie scientifique du rapport lui-même, ont largement décrédibilisé la présentation faite).
    Une deuxième question est celle de la légitimité des institutions nationales : comment lutter contre les remises en cause, d’un point de vue procédural ? Autant on peut être sceptique sur les perspectives de « refonte institutionnelle », autant il paraîtrait judicieux de s’inspirer des méthodes de « mise en débat », pratiquées par plusieurs pays européens, qui visent à introduire un temps suffisant pour un débat large et contradictoire et à prendre une distance suffisante par rapport à l’urgence supposée liée à l’actualité (2).

Enfin, un troisième axe de progrès pourrait consister à mieux structurer la fonction de « tiers de confiance », aujourd’hui trop éclatée et souvent fragilisée (3).

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