Recherche fondamentale et appliquée : un préjugé tenace, quelles pistes de progrès ?

LA RECHERCHE FONDAMENTALE

Ce type de recherche consiste en des travaux, qu’ils soient théoriques ou expérimentaux : « La recherche fondamentale est avant tout source de savoir. Imprévisible en termes de résultats, cette recherche exploratoire est en outre particulièrement efficace pour faire émerger des concepts totalement nouveaux, moteurs du progrès et de l’innovation [1] . »

EXPERIMENTER POUR COMPRENDRE

Partant des connaissances déjà disponibles et de leurs observations, les chercheurs posent des questions, émettent des hypothèses sur ce qui peut se passer dans telle ou telle condition. Ils mettent alors au point des protocoles expérimentaux qui fourniront de nouvelles données confirmant ou infirmant les hypothèses de départ.

Parfois un chercheur fait une découverte inattendue. A titre d’illustration, on rappellera la définition de JH. Comroe Jr, physiologiste américain : « La sérendipité, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin et y découvrir la fille du fermier [2] » On notera néanmoins que pour saisir l’incongruité d’un fait, il faut avoir un bon arrière-plan de culture scientifique.

DE LA RECHERCHE FONDAMENTALE A L’INNOVATION ET AUX PROGRES

La recherche appliquée a souvent pour but de déterminer les applications possibles des résultats recherche fondamentale ; quand elle est fructueuse, elle débouche sur l’innovation, qui, soumise à l’offre commerciale, créera de la valeur si les consommateurs adhèren [3] L’exemple emblématique de notre début du XXIe siècle est le smartphone : rappelons au passage que dans un simple smartphone, il y a des applications de 15 prix Nobel.

Les progrès les plus significatifs (de rupture) se fondent le plus souvent sur des découvertes issues de la recherche fondamentale : c’est le cas de l’étude des champs électriques (écrans tactiles), de la structure de l’ADN (empreintes génétiques), de la théorie de la relativité (GPS), de l’antimatière (imagerie médicale : TEP)

RETOUR SUR LA RECHERCHE FONDAMENTALE

Si les innovations résultat des recherches appliquées sont généralement bien considérées par le grand public, qui y voit des améliorations de la vie quotidienne, on ne peut en dire autant de la recherche fondamentale, opaque au plus grand nombre. Mais en fait, le problème est beaucoup plus profond : « Nos élites ignorent la Science, souvent caricaturée, la culture scientifique est exclue du savoir commun. (...) Depuis deux générations les sciences sont absentes de la formation des élites politiques. » (E. Klein) [4].. Au classement PISA de 2017, la France a perdu 17 places et se trouve reléguée est au 27ème rang mondial.

RECHERCHE FONDAMENTALE ET APPLIQUEE : UNE FRONTIERE ASSEZ FLOUE

Recherche fondamentale et recherche appliquée entretiennent des rapports plus étroits qu’on ne le pense généralement : car la première nourrit la seconde, mais les progrès technologiques produits par la recherche appliquée sont devenus indispensables à une recherche fondamentale performante.

Néanmoins, de nos jours, le caractère imprévisible de la recherche fondamentale pose un problème à toute instance dirigeante : investir dans une recherche qui ne débouchera peut-être pas avant très longtemps sur des résultats économiquement intéressants apparait comme une démarche contre-productive. En, conséquence, chaque gouvernement - après moi le déluge - remet le problème à plus tard).
La Tribune écrit : « Avec 22,5 milliards d’euros investis dans la Recherche & Développement au cours de l’année 2017, les sociétés françaises du classement ‘Global Innovation 1000’ ont diminué leurs dépenses R&D d’un cinquième en un an  ». En revanche la firme américaine Amazon se place en tête mondiale des dépenses en R&D, et Alphabet (la holding de Google) arrive en seconde position) [5].

Et pourtant sans recherche fondamentale, pas de recherche appliquée… Les australiens ont chiffré la part de la productivité agricole liée à des résultats de recherche et développement et avancent le chiffre de 2/3 pour la recherche fondamentale. Sur les 50 dernières années [6], ce sont les recherches à long qui ont eu l’impact le plus élevé.

L’inculture scientifique (des citoyens et des responsables politiques) est de plus une menace pour la démocratie, en ce qu’elle prépare le terrain pour le populisme (voir à ce sujet les mouvements antivax et antimasques).

Le développement concerté d’une bonne recherche fondamentale (qui outre les retombées économiques, augmentera le soft power du pays) et une bonne recherche appliquée représente donc un enjeu critique à la fois pour le rayonnement du pays, et pour la démocratie.

[1La recherche a l’INSERM site www.inserm.fr

[2cité dans : Jean-Yves Nau, La sérendipité, l’aiguille, la botte de foin et la fille du fermier, Revue Médicale Suisse,‎ 2014, p. 366-367..

[3tThierry Ménissier : Innovation et Histoire. Une critique philosophique. QUADERNI N° 91 | Automne 2016 : L’innovation dans tous ses état.

[4E. Klein, « philosophe de la Science », Le Point, 27/02/2014

[5Amazon, champion mondial des dépenses en recherche et développement. latribune.fr, le 27/10/2017.

[6http://data.daff.gov.au, (cité dans le rapport de stratégie nationale de recherche).

haut de page