Introduction

À la différence du droit ou de la morale, tous deux prescripteurs, qui « tendent à séparer le bien du mal, distinguer le permis de l’interdit », l’éthique permet plutôt, quant à elle, d’élaborer ce qu’il est bon de faire dans une situation et à un moment donné. Elle dépasse la vision binaire des impératifs moraux et/ou réglementaires. Elle apparaît à la fois comme une posture et une démarche. Il n’est pas aisé dès lors d’identifier ce qui constitue notre corpus de règles, ni au plan individuel, ni au plan collectif.

Il est par contre évident que l’expérience sanitaire collective sans précédent que nos sociétés ont déjà vécue, à partir de mars et jusqu’en mai, avec le confinement, comme l’expérience consécutive en cours d’une crise sociale et économique sociale également sans précédent récent vont nous conduire à interroger nos valeurs et nos référentiels. Qu’est-ce qui avait déjà changé ? Qu’est-ce qui a commencé à changer, dans d’autres directions ? Pouvons-nous, et dans quelle mesure, orienter ces évolutions et notamment les freiner, si elles nous paraissent menaçantes et sources de perturbations futures ?

Les différents thèmes qui suivent montrent la variété de ces inquiétudes et de ces questionnements. Pour autant, on peut, pour la clarté, distinguer comme un fil rouge qui correspond à un ébranlement en cercles concentriques :
₋ la crise nous conduit à nous interroger sur ce qu’on peut appeler des valeurs instrumentales, sur notre rapport à des valeurs véhiculées par des outils : numérique, experts, mérite… trois domaines ont été choisis pour à la fois illustrer et documenter l’impact de la crise ouverte sur ces référentiels souvent implicites ;
₋ mais la crise nous amène aussi à réexaminer de manière plus profonde des valeurs qui sont au cœur de notre pacte social : la place de la responsabilité, celle du risque, celle enfin de l’environnement, parmi sans doute d’autres valeurs « socles » de notre organisation collective ;
enfin, l’ébranlement collectif que nous avons subi nous conduit à nous réinterroger, collectivement, sur des valeurs essentielles, plus abstraites et plus spirituelles, sans doute : la place du vieillissement, la signification sociale de la mort, la signification que l’on peut donner au choix au moins apparent « de la vie ». Dans tous les cas, là aussi un débat collectif est devenu incontournable et des évolutions souhaitables se dégagent.

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